Joigny, une ville de droite à gauche
La campagne officielle pour les élections municipales à Joigny va démarrer dans quelques semaines. Si nul ne peut prédire le résultat de ce scrutin, il est pour le moins intéressant de se replonger dans l’histoire des élections municipales récentes à Joigny. Certains diront que le passé étant révolu, cela ne sert à rien. Pourtant, on ne peut faire table rase du passé pour comprendre le présent. Alors, ensemble, remettons le temps…
Intéressons-nous aux deux dernières élections municipales, celles de mars 2001 et mars 2008 et plantons le décor.
En mars 2001, trois listes étaient en compétition : celle de Philippe Auberger, celle de Bernard Moraine (pour la première fois tête de liste) et celle de Frank Thomas. Dès le premier tour, la liste Auberger remporta l’élection avec un peu plus de 52% des voix. Vous trouverez ci-dessous un tableau récapitulatif des résultats. Il est à noter qu'à l'époque, il y avait 6118 inscrits sur les listes électorales à Joigny.
Listes | Voix | Pourcentage |
Auberger | 1721 | 52,26 |
Moraine | 972 | 29,52 |
Thomas | 600 | 18,22 |
Au soir du premier tour, voici les résultats:
Listes | Voix | Pourcentage |
Auberger | 1003 | 28,14 |
Moraine | 927 | 26,01 |
Thomas | 361 | 10,13 |
Ortega | 1145 | 32,13 |
Colonna | 128 | 3,59 |
Listes | Voix | Pourcentage |
Auberger | 1138 | 30,62 |
Moraine | 1170 | 31,49 |
Thomas | 240 | 6,46 |
Ortega | 1168 | 31,43 |
1. Joigny est bien une ville de droite.
En 2001, la liste de droite fait à elle seule 1721 voix. En 2008, on aurait pu penser que les deux listes de droite allaient simplement se partager les voix 2001. Au contraire, divisées, elles ratissent beaucoup plus large puisqu'à elles deux, elles totalisent 2306 voix, soit 585 voix de plus qu'en 2001.
2. La gauche gagne en 2008... grâce à la droite.
La gauche a remporté les élections de manière parfaitement démocratique en 2008, il n'y a rien à redire là-dessus. Mais si elle a gagné, c'est en partie grâce à la liste Auberger. Pourquoi ? Simplement parce que celle-ci ne s'est pas retirée au soir du premier tour, ne reconnaissant pas sa défaite face à la liste Ortega. Ce premier tour était semblable à une primaire que l'on aurait organisée à droite. Avec 142 voix d'avance, la liste Ortega devait logiquement être la seule liste de droite au deuxième tour. En se maintenant, la liste Auberger favorisait ainsi la liste Moraine. La gauche gagnait ainsi les élections avec 31,49 %, après avoir mené une campagne digne, sans attaque personnelle. La grande perdante de ce scrutin: la liste de Julien Ortega.
3. Le centre apolitique fait flop à Joigny.
Si l'on compare les élections de 2001 et de 2008, on voit que les résultats des listes apolitiques tendance centriste se sont effritées au fil du temps. C'est en 1995 qu'une telle liste, menée par Bernard Fleury, avait connu ses heures de gloire en réalisant un score de 33%. Depuis, les résultats n'ont fait que chuter: 600 voix en 2001, 361 en 2008 au premier tour, 240 au second tour. Ainsi, lors des deux tours de 2008, les électeurs qui votent plutôt pour ce genre de liste se sont reportés sur la liste Moraine et sur la liste Ortega. En 2009, point de liste apolitique tendance centriste. Il est donc probable que les électeurs modérés qui votent habituellement pour ce type de liste se reporteront sur les listes Moraine et Portal car ceux-ci ne sont encartés dans aucun parti. Seule inconnue: dans quelle proportion ?
4. Une campagne digne et respectueuse sera un atout de taille.
La qualité de la campagne électorale qui va bientôt s'ouvrir sera importante à plus d'un titre. Les Joviniens n'ont pas oublié celle qui a eu lieu entre les deux tours des municipales de 2008, chose que l'on n'avait jamais vu à Joigny, et sur laquelle il n'est point nécessaire de revenir. Les idées contenues dans les programmes sont primordiales, mais pour marquer des points auprès des électeurs, la manière de faire campagne ne sera pas à négliger...
L'Histoire se répétera-t-elle à Joigny ? Nul ne le sait, mais à la lumière des élections passées, il est clair que le destin d'une ville n'est pas seulement dans les mains des électeurs, il l'est aussi dans celles des têtes de listes...
Alain Quaunu